Jardins

Les hérissons cherchent des endroits en périphérie des zones habitées pour se nourrir et se reproduire ou passer l’hiver. Ces lieux se vident de plus en plus d’espaces naturels favorables à la petite faune. La disparition des haies sauvages, de tas de bois ou de branches nuisent à la survie et à la reproduction de ces petits animaux bien sympathiques.

L’usage des tondeuses à gazon, des pesticides et herbicides et des éclairages nocturnes dans les jardins sont également néfastes à nos amis les hérissons.

Voici quelques conseils pour aménager votre jardin :

La pelouse

Les biocides type herbicide, produit anti-mousse et autre engrais sont à proscrire car non seulement ils polluent en s’infiltrant dans le sol, contaminant les nappes phréatiques mais empoisonnent la faune sauvage.

Privilégier les plantes qui ne demande pas de traitements chimiques. Laissez pousser des bandes d’herbes pour permettre aux fleurs et insectes de prospérer.

Aménager des espaces naturelles qui n’ont pas besoins d’êtres tondus toute l’année.

Les haies

La haie constituée de variétés sauvages indigènes offre un lieu de vie très important à beaucoup d’espèces. Hors beaucoup de haies « mélangées » vendu dans les jardineries sont constituées non pas d’espèces sauvages indigènes mais de variétés exotiques et hybrides qui ne produisent pas de fruits.

Privilégier des espèces sauvages indigènes qui gardent leurs feuilles jusqu’au printemps et offrent un bon écran visuel en hiver comme l’if, le troène, le charme etc. Ainsi que des variétés qui produisent des fruits que vous pouvez également consommer.

Evitez de tailler la haie entre mars et septembre afin de ne pas déranger ces chers petits.

L’entretien du jardin

Un jardin trop entretenu jusqu’au moindre recoins avec une pelouse tondue à ras sans la moindre brindille ni feuille n’est pas accueillant pour la petite faune sauvage. Nombres d’animaux ont besoin de feuilles ou de vieilles branches pour s’abriter comme les jeunes oiseaux, les chenilles, les lézards ou les hérissons pour se construire un nid.

Laissez dans un coin de votre jardin un tas de bois, de pierres, de feuilles mortes.

Epargnez quelques branches mortes ou creuse lorsque vous tailler vos arbres et buissons.

Les herbicides (biocides)

Depuis le 1er janvier 2019 en France le désherbage par herbicide est interdit par la loi chez les particuliers car le risque de contamination des cours d’eau est très important. Tous ces produits pulvérisés dans les jardins, les fongicides, anti-mousse, insecticides, acaricides etc. tuent des êtres vivant mais se retrouvent aussi à l’intérieur des maisons ramenés par les chaussures mais aussi par les animaux domestiques (chien et chats).

Utilisez par exemple le désherbage thermique pour vos allées et bords de chemin.

Choisir des variétés de plantes résistantes aux maladies.

Utiliser le plus possible des biocides d’origine naturelle.

L’éclairage du jardin

La pollution lumineuse est un danger pour beaucoup d’espèces nocturnes qui vivent ou traversent nos jardins. Les hérissons, les chouettes, les papillons mourant d’épuisement attirés par la lumière, les oiseaux plus facilement repérables par les prédateurs. Cet excès d’éclairage perturbe le rythme biologique de cette faune sauvage qui vit dans nos jardins.

Eteindre l’éclairage du jardin le soir.

Utiliser au besoin des modèles de lampes qui n’éclairent pas tout l’espace ainsi que des ampoules de couleur de 2700°K ou moins (blanc chaud), elles attirent moins les insectes.

Les passages à hérisson

Les petits animaux et notamment les hérissons passent d’un jardin à l’autre pour trouver de la nourriture, un partenaire, un point d’eau, hiverner etc. Ils est donc très important de leurs laisser toujours un passage surtout pour leur éviter le danger mortel d’une route.

Aménagez un passage entre chaque jardin d’environ 15X15 cm. N’hésitez pas communiquer avec vos voisins.

Les limaces

Ces petites bêtes cauchemar des jardiniers sont un repas délicieux pour la petite faune sauvage. Hors ce repas peut s’avérer mortel compte tenu des traitements chimiques pour les tuer. Les granulés au métaldéhyde sont toxiques pour tous les animaux (y compris domestiques) et les enfants.

Préférer les granulés à l’orthophosphate de fer moins dangereux ou si le cœur vous en dit partez à la chasse aux limaces au petit jour ou en soirée en les éliminant d’un coup de ciseaux derrière la tête. C’est plus rapide et moins douloureux qu’un empoisonnement chimique.

Les animaux domestiques

Les chats sont de redoutables prédateurs pour nombres d’espèces vivant dans les jardins d’autant qu’ils se déplacent très facilement dans les jardins voisins. Ils chassent Les jeunes oiseaux qui commencent leur vie au sol, les lézards, les papillons, les musaraignes. Il évite les hérissons trop piquants à son goût. Le chien est par contre un prédateur du hérisson.

Si votre chien dort la nuit dans le jardin, aménagez un espace à lui.

Equipez votre chat d’une clochette qui tinte facilement afin d’alerter les oiseaux de sa venue.

Les déchets de jardin

Souvent dans un coin du jardin, il peut y avoir un tas de branches ou de feuilles sèches abandonné depuis des semaines ou des mois. Attention avant de de faire le vide car cet amas de déchet vert peut abriter toute une population comme des nids d’oiseaux, des amphibiens ou toute une famille de hérissons. Si vous devez absolument vous en débarrasser attendre les mois d’août ou septembre car la saison des nids est terminée et les animaux n’hibernent pas en cette période. Les feux dans les jardins sont en principe interdit si toutefois une exception est admise vérifier si l’endroit n’a pas d’occupant.

Eviter de détruire mon vieux tas de bois ou de feuilles durant la période nidification et d’hibernation. Attendre les mois d’août et septembre.

Ne pas bruler ses déchets dans son jardin.

Les piscines

La piscine dans le jardin est un lieu très agréable surtout en été mais elle peut s’avérer mortelle pour la petite faune sauvage. Les amphibiens mais aussi les hérissons confondent cet équipement avec un plan d’eau naturel et s’y lancent en toute confiance sans pouvoir en sortir si la piscine n’a pas de rampe de sortie. L’animal nage autour et se noie d’épuisement. L’éclairage de nuit disposé sous la surface de l’eau attire également les papillons de nuit qui s’y noient également.

Aménager une petite planche de 10 à 15 cm de large anti glissante pour faciliter la sortie des petits animaux.

Eviter d’éclairer sa piscine la nuit surtout quand il n’y a personne.

Donner de la nourriture aux hérissons

« L’enfer est pavé de bonnes intentions »

Donner de la nourriture aux hérissons c'est un piège écologique pour eux. Ils vont délaisser leur nourriture habituelle (insectes, gastéropodes, petits batraciens...) par celle offerte par l'Homme. L'animal sauvage devient, donc, dépendant de l’Homme pour se nourrir.

Nous sommes conscients que toutes les centres de sauvegarde ne disent pas la même chose. C'est un problème mais nous ne pouvons rien y faire. En règle générale, nourrir un animal sauvage est un contre sens et ce n'est pas dans son intérêt pour les raisons ci-dessus. C'est le discours des scientifiques et nous le respectons car il nous semble argumenté et responsable. Depuis des années nous étudions l'espèce et nous la connaissons très bien mais nous ne voulons pas vous imposer notre avis, même s'il est celui des naturalistes et scientifiques.

Si dans votre région il y a des hérissons, c'est parce qu'il y a de la nourriture et l'environnement est propice. Le Hérisson est un animal solitaire. Le fait de lui apporter de la nourriture va créer de la promiscuité et les hérissons vont manger ensemble quand ça ne se produit pas dans des conditions normales. Même certaines études démontrent qu'une hiérarchie va se mettre en place.

Pour les hérissons c'est souvent plus compliqué trouver un point d'eau que de la nourriture. Mettre de l'eau c'est une excellente chose mais la nourriture peut se justifier dans les régions froides (par exemple, dans l'est de la France) uniquement à la sortie de l'hibernation (ils sont perdu entre 30 et 40 % de leur poids) ou avant l'hibernation car s'il y a eu des portées tardives (à cause du réchauffement climatique ou d’une météo particulièrement clémente) peut aider aux mères et aux juvéniles à arriver aux 450 g nécessaires pour l'hiberner (poids pour un climat comme la France ou l'Angleterre, la Belgique et même au Danemark... ou 500 g pour le nord de l'Europe où la période froide est plus longue et, dont, une seule portée par an).

Un autre point important c’est que nourrir les hérissons peut perturber leur hibernation. En effet, une des raisons pour lesquelles le Hérisson hiberne c’est parce que la nourriture se fait rare en hiver. Si on continue à lui apporter de la nourriture, le Hérisson va continuer à faire des réserves au lieu d’hiberner ; c’est leur instinct.

L’hibernation est un phénomène complexe et il y a des nombreux paramètres à considérer : l’âge, le sexe, la température, les graisses blanche et brune de chaque individu… ce qui nous oblige à bien connaître l’espèce et ne pas oublier que les animaux sauvages sont soumis à une forte pression de la sélection naturelle. On doit les aider quand c’est nécessaire mais l’excès de zèle n’est jamais bon pour la faune sauvage.

Mettre de l'eau propre toute l'année.

Mettre de la nourriture toute l'année.



Dessins de la rubrique réalisés par Nanou Gribouille