Comportements du Hérisson

Introduction

Les hérissons sont des animaux solitaires bien que tolérants du point de vue territorial. Sa superficie de vie varie entre 20 et 30 ha pour les mâles et environ 10 ha pour les femelles, mais avec de grandes variations individuelles. Ils ne sont pas très agressifs, même s’ils peuvent se battre, en particulier les mâles, pour établir une marge de domination. À prédominance nocturne et crépusculaire. Ils hibernent de novembre ou de décembre à mars et beaucoup d'individus meurent au cours de la première hibernation.

Comportement alimentaire

Les hérissons trouvent leur nourriture dans une variété d'habitats naturels, artificiels ou anthropiques. Ils préfèrent se nourrir dans les zones susceptibles d'avoir une grande disponibilité de proies. Ils présentent un schéma d'alimentation bimodal, avec un premier pic d'activité à l’heure du crépuscule et un deuxième pic au milieu de la nuit ou vers l'aube. Environ 50% du temps total actif est consacré à la recherche de nourriture. Les hérissons localisent leurs proies en utilisant principalement l'odeur, mais aussi le bruit. Les hérissons montrent une discrimination dans le choix des proies ; les plus âgés sont capables de se nourrir plus efficacement que les juvéniles. L'observation a montré des comportements spécifiques comme essuyer l'excès de vase (dépôts de terre et de bave mélangés) des grosses limaces à l'aide des pattes antérieures, manger les gros vers de terre en commençant par l'arrière pour finir par la tête et percer un trou dans les œufs afin d'extraire le contenu en léchant. Les hérissons ne stockent ni ne cachent de nourriture pour l'hiver.

Comportement parental

Seule la mère est impliquée dans l'élevage de la progéniture. La cannibalisation peut se produire si le mâle est laissé avec la femelle en captivité. La femelle peut manger sa progéniture si elle est dérangée peu de temps après la naissance (les premiers jours) ; après cette période, il est plus probable que la femelle déplace les juvéniles vers un nouveau site de nidification. En réponse aux cris aigus des juvéniles, qui durent environ quatre semaines, la femelle ira retrouver les jeunes, et défendra activement sa portée si elle est menacée. La femelle et sa progéniture restent ensemble jusqu'à ce que les juvéniles aient environ cinq ou six semaines.

Comportement sexuel

Les hérissons mâles et femelles montrent un comportement de parade nuptiale sans lien de couple apparent. Les rituels de parade nuptiale durent assez longtemps : le mâle tourne autour de la femelle pendant qu'elle dresse ses piquants, qu'elle renifle et même qu'elle crache sur son flanc. Très souvent, le comportement nuptial ne conduit pas à l'accouplement. Lorsque la copulation se produit, la femelle s'accroupit, soulevant la région de la queue et soulevant parfois aussi la région thoracique avec une courbure de la colonne vertébrale (lordose). Le mâle monte par derrière.

Comportement défensif

Réactions aux menaces :

C'est une erreur de supposer que les hérissons se retroussent en boule serrée en réponse à toute perturbation. Ils peuvent utiliser un certain nombre de modèles de comportement défensif de sécurité avant d'avoir recours à se mettre en boule. (MORRIS, 1994)

Comme première réponse au danger, les hérissons dressent simplement leurs piquants imbriqués les uns avec les autres. (MORRIS, 1994 ; MACDONALD, 2001)

Les hérissons peuvent courir vers une zone de sécurité pour échapper au danger s’ils en ont le temps. (MORRIS, 1994)

Pour certains individus, il est plus fréquent de se mettre en boule alors que d’autres sont plus enclins à s'échapper en courant si c’est possible. (MORRIS, 1987)

Si la menace est importante, le hérisson reste stationnaire et tend la peau épineuse de sa tête, sa croupe et sa queue en utilisant respectivement les actions des muscles fronto-dorsalis, caudo-dorsalis et caudo-abdominalis.

Les hérissons auront généralement recours à se mettre en boule lorsque la perturbation implique un contact physique. (MORRIS, 1994)

Les hérissons peuvent rester en boule pendant plusieurs heures, le muscle orbiculaire contracté, et conserver la position tout en permettant aux autres muscles d'être relâchés. (MORRIS, 1987 ; MORRIS, 1994 ; SEDGELEY, 1991)

Les hérissons utilisent généralement leurs piquants comme système de défense passif. Des jeunes et des adultes ont cependant été signalés en train d’attaquer activement des adversaires ou des prédateurs avec leurs piquants. (MORRIS, 1994)

Lorsqu'ils sont endormis dans le nid, les hérissons reposent généralement sur le côté dans une position en semi-boule avec la tête et les membres en saillie mais ils sont capables de réagir rapidement aux perturbations en érigeant leurs piquants et en se retroussant complètement. (REEVE, 1994)

Autres réponses :

Les vocalisations telles que « pépiement », « soufflement », « grognement » et « hurlement » peuvent être utilisées pour troubler un prédateur. (MORRIS, 1994)

Plus rarement les hérissons peuvent faire un bruit de crissement fort « comme celui d’un cochon ». (SEDGELEY, 1991)

Il est rare que les hérissons mordent en défense. (REEVE, 1994)

Les hérissons peuvent mordre lors de combats avec leurs congénères. (REEVE, 1994)

Les hérissons gardent et défendent leur progéniture en mordant et produisant des sifflements lorsqu'ils sont menacés. (REEVE, 1994)

Il a été signalé que la morsure se produit le plus fréquemment chez certains hérissons domestiques, mais elle est rarement observée chez les animaux sauvages. (REEVE, 1994)

Comportement social

Territorialité / Prédateurs / Apprentissage

Les zones de vie ou domaines vitaux sont choisies en fonction de l'existence d'abris (haies naturelles ou buissons d'ornement, tas de bois, etc.) et de sources de nourriture (un lieu où vivent ses proies).

L’espace vital du Hérisson étant menacé par le développement urbain et l'agriculture intensive, on le rencontre aujourd'hui de plus en plus à la périphérie des agglomérations, où il prospère grâce à la présence des haies séparatives des jardins, des massifs d'arbustes, des parcs, etc.

Son besoin essentiel correspond à la présence d'arbres à feuilles caduques, qui vont fournir le matériel nécessaire à la construction des nids de mise bas et d'hibernation. Il n'affectionne donc pas les régions montagneuses plantées de conifères.

Des études de densité de population nous donnent les chiffres suivants :

(ANONYME)

Les hérissons ont des domaines vitaux qui restent relativement constants d'une année à l'autre. La taille du domaine vital peut varier considérablement d'un type d'habitat à l'autre, mais les mâles adultes ont toujours un domaine vital plus grand que celui des femelles ou des subadultes dans le même type d'habitat. La distance parcourue par nuit est plus longue pour les mâles adultes que pour les femelles ou les subadultes (environ 900 m pour les mâles, 600 m pour les femelles dans un habitat forestier et environ 1,5 kg pour les mâles et 1 km pour les femelles sur un terrain de golf suburbain). Cela peut être lié au comportement d'accouplement. Les individus peuvent parfois parcourir jusqu'à 3 – 4 km en une nuit. Des vitesses aussi élevées que 60 m/min et même de 120 m/min ont été enregistrées mais les déplacements plus lents (environ 2 – 4 m/min) sont plus habituels.

Les domaines vitaux des femelles et des mâles peuvent se chevaucher considérablement avec ceux de plusieurs autres individus. Les interactions agressives entre les hérissons sont rares ; l'évitement mutuel semble être normal. Les juvéniles se dispersent dans leurs premiers mois de vie indépendante, avant ou après leur première hibernation. Les densités de population varient selon le type d'habitat. Les individus peuvent retourner au même nid lors de plusieurs nuits consécutives ou après une période d'absence. Occasionnellement, un nid sera utilisé par un premier individu puis par un autre. Le partage de nids (plus d'un hérisson dans le même nid en même temps) n'a été enregistré que rarement dans la nature, bien qu'il soit relativement commun en captivité. Les hérissons sont capables de bien se repérer (par exemple, retourner dans le même nid) ; il est probable que les signaux olfactifs et auditifs sont les plus importants, bien que la vision puisse jouer un rôle. Il existe des rapports détaillés dans les écrits scientifiques comprenant également des informations sur les méthodes de marquage et de suivi des hérissons.

L’approvisionnement en nourriture supplémentaire semble ne pas affecter la taille du domaine vital ou le comportement général des hérissons.

Les réactions initiales d'un hérisson en danger comprennent l'érection de ses piquants et la fuite devant le danger quand il a le temps de le faire. Cependant, la principale défense des hérissons face à une menace sérieuse, en particulier une perturbation impliquant un contact physique, est de se rouler en boule serrée avec les piquants hérissés dans toutes les directions. D'autres actions défensives comprennent le hurlement, le soufflement, le grognement et plus rarement la morsure (par exemple, une femelle qui défend son jeune).

Le Hérisson possède peu d'ennemis naturels ; la prédation est légère, mais pas insignifiante. Les hérissons possèdent une protection considérable contre la plupart des prédateurs comme les petits mammifères, sous la forme de leurs piquants. Cependant, ils subissent la prédation des blaireaux (Blaireau d'Eurasie – Meles meles), des renards (Renard roux – Vulpes vulpes), des chiens, des martres (Martres des pins), des putois (Mustela putorius) et des grands oiseaux de proie. Les rats peuvent s'attaquer aux juvéniles. Les blaireaux semblent être les prédateurs les plus importants. Les blaireaux et les putois arrivent également à se jouer de la protection piquante (grâce à leurs griffes et leurs dents acérées qui leur permettent de dépouiller entièrement sa carcasse) et constituent leurs pires ennemis. Les hérissons peuvent totalement disparaître dans une zone où la population de blaireaux est importante ; les renards peuvent également diminuer l’effectif de la population. Des restes de hérisson ont été retrouvés dans le contenu gastrique et les fèces des renards urbains. On raconte souvent, sans que cela n’ait jamais été précisément contrôlé, que le renard oblige l'insectivore à se dérouler en le poussant dans l'eau, ou en le retournant sur le dos puis en l'arrosant d'urine.

Lorsqu'ils sont en hibernation profonde, les hérissons risquent aussi d’être mangés par des rongeurs.

L’impact de la prédation a été quantifié par rapport aux autres risques de la vie :

(ANONYME)

Les hérissons ont des cerveaux relativement petits, mais ils sont capables de comportements très flexibles et certains individus ont même pu apprendre à distinguer les formes et les couleurs et à répondre à leur nom.

Interactions avec la même espèce

Les interactions compétitives directes entre congénères semblent être minimisées par des mécanismes d'évitement mutuel qui peuvent impliquer des indices d'odeur, bien qu'aucun comportement de marquage d'odeur spécifique n'ait été décrit. (REEVE, 1994 ; REEVE, 1982)

Tandis que les hérissons évitent généralement leurs congénères, ils peuvent se nourrir ensemble à partir de mangeoires dans les jardins. (REEVE, 1994)

Les hérissons sont rarement vus en contact direct, sauf pendant les parades nuptiales ou dans les sources localisées de nourriture où des bagarres peuvent parfois se produire. (REEVE, 1994)

Les combats entre les hérissons sont « extrêmement rares » (REEVE, 1994) ; "rares". (MORRIS, 1994)

Les hérissons, en particulier les mâles, vont « se battre pour établir un ordre hiérarchisé ». (CORBET & HARRIS, 1991)

Les données sur le terrain de 3460 dossiers comportementaux des hérissons incluaient seulement 17 interactions non sexuelles. Celles-ci comprenaient seulement quatre cas de combat physique (bagarre, morsure), quatre cas de « reniflement et bousculades mutuelles par les flancs » dans lesquels tous les individus étaient des mâles, les interactions étaient courtes et aucune blessure n’en résultait. Neuf rencontres silencieuses ont été observées lorsque des individus sont passés à proximité les uns des autres, « ont fait une pause, ont reniflé l'air et changé de direction ». (REEVE, 1994)

Alors que les hérissons ne sont pas considérés comme territoriaux, des conflits intraspécifiques avec des interactions agressives se produisent occasionnellement lorsqu’un individu bouscule un autre. (MORRIS, 1997)

Des rapports montrent que des hérissons en captivité développent un système de hiérarchie lorsque le groupe réside ensemble, mais cela ne se produit pas dans la nature. (REEVE, 1994)

Prédateurs dans le milieu naturel

Les hérissons ne font pas partie, dans une proportion significative, du régime alimentaire des espèces animales sauvages prédatrices. (MORRIS, 1994)

Les piquants des hérissons les protègent de la prédation contre de nombreuses espèces : c'est une protection absente chez la plupart des autres petits mammifères. (CORBET & HARRIS, 1991 ; MORRIS, 1987)

Les blaireaux sont des prédateurs des hérissons à l'état sauvage, en particulier pour les jeunes hérissons qui sont incapables de se mettre en boule très serrée. (MORRIS, 1994)

Les blaireaux peuvent utiliser leurs puissants membres antérieurs pour « déchiqueter » les hérissons. (MORRIS, 1994)

Les blaireaux « décortiquent » les hérissons qu'ils ont attrapés, ne laissant qu'une coquille de piquants. (MACDONALD, 2001)

La population croissante de blaireaux en Grande-Bretagne est responsable de la prédation d’un nombre important de hérissons. (MORRIS, 1994)

Il arrive aux blaireaux, aux putois et aux chouettes hulottes « de tuer un hérisson, mais ils en ont très rarement l’occasion sauf les très jeunes animaux dont les piquants sont fins et dont la peau et les muscles lui permettant de se mettre en boule ne sont pas complètement développés ». (MORRIS, 1987)

Les hérissons jeunes et les malades sont ceux qui sont le plus souvent attrapés par les prédateurs comme les chiens, les renards et les blaireaux. (CORBET & HARRIS, 1991)

Des preuves existantes suggèrent que les blaireaux (Blaireau eurasien – Meles meles) et les renards (Renard roux – Vulpes vulpes) peuvent avoir un impact significatif sur les populations locales de hérissons. Suite à l'épidémie de gale affectant les renards dans la région de Bristol, le nombre de hérissons a augmenté de manière significative. On pense que les renards capturent surtout des hérissons pendant qu'ils sont encore dans le nid. (The Mammal Society, juillet 2002)

Les prédateurs occasionnels des hérissons comprennent les renards, les chiens, les hulottes (chouette hulotte – Strix aluco), les aigles et les putois (Mustela putorius) (CORBET & HARRIS, 1991 ; PARKER, 1990 ; MORRIS, 1994 ; MORRIS, 1997, MACDONALD, 2001) ; ces espèces peuvent également se nourrir de cadavres de hérissons accidentés sur le bord des routes. (MORRIS, 1994)

Les faucons et les grands hiboux peuvent s'attaquer aux hérissons, leurs pattes écaillées pénétrant dans les piquants. (HERTER, 1966)

Les blaireaux, les renards et les martres des pins (Martres des pins – Martes martes) sont connus pour s'attaquer aux hérissons ; on trouve parfois des peaux de hérissons vides dans les tanières d'hiver des putois. (HERTER, 1966)

Les blaireaux (Blaireau eurasien – Meles meles), les putois (Mustela putorius) et les sangliers (Sanglier – Sus scrofa), ainsi que les rats (Rat brun – Rattus norvegicus) peuvent s'attaquer aux juvéniles. (STOCKER, 1987)

Les grands Hiboux et les Oiseaux de Proie sont suffisamment armés pour planter leurs serres dans le corps du Hérisson et lui arracher la peau du dos par lambeaux avec leur bec (GRZIMEK, 1973).

Les hiboux grand-duc d’Europe (Bubo Bubo (Genre)) sont capables de s'attaquer aux hérissons et leurs os peuvent être trouvés dans leurs pelotes de régurgitation. (BOUCHNER, 1999)

Un grand nombre de hérissons (Erinaceus europaeus) ont été capturés par des hiboux grand-duc européens (Bubo Bubo (Genre)) lorsque les lapins ont été décimés par la maladie dans la région d’Alicante, au sud-est de l'Espagne. (MARTINEZ & ZUBEROGOITIA, 2001)

Des rapports anecdotiques décrivent des renards poussant des hérissons dans l'eau, afin de les rendre plus vulnérables à la prédation en les obligeant à se dérouler mais il est plus probable que les renards nettoient la charogne des hérissons victimes de la route avant de les manger. (MORRIS, 1987) WARD et al. (1997) rapportent que le Hérisson préfère ne pas effectuer de recherche de nourriture dans des zones imprégnées par l'odeur des excréments de blaireaux. Les oiseaux de proie ne sont pas considérés comme des prédateurs importants des hérissons ; dans une enquête, seulement 134/102.000 pelotes de régurgitation (environ 0,1%) de grands oiseaux de proie contenaient des restes de hérisson. (BURTON, 1969)

Il a été signalé que les hermines (Mustela erminea), les belettes et les rats peuvent tuer les hérissons et même que les pies peuvent attaquer les hérissons. (BURTON, 1969)

La martre du pin (Martes martes) est connue pour manger des hérissons. Dans une étude en France, des restes de hérisson ont été trouvés dans 3/24 estomacs de cette espèce en hiver. Parmi les oiseaux de proie, les études ont montré que les hérissons représentaient 24% du régime des hiboux grands-ducs (Bubo bubo) en Bavière septentrionale et environ 1/3 des proies de l'aigle royal (Aquila chrysaetos) sur l'île suédoise de Gotland pendant la saison de reproduction. Cependant, on ne sait pas quelle proportion provient des cadavres d'animaux par rapport à celle des hérissons chassés vivants. (CORBET, 1988)

En Nouvelle-Zélande, des restes de hérissons ont été trouvés dans les entrailles et/ou les intestins des furets et des chats sauvages. Ces restes n'ont pas été trouvés dans les excréments de 27 hermines (Mustela erminea). (MOSS & SANDERS, 2001)

Pendant l’hibernation :

L'observation des hérissons hibernant dans une enceinte de 30 m sur 30 m a permis de constater que plusieurs individus présentaient des « piquants coupées » et des blessures au cou ou au dos, parfois graves (un mort à l'extérieur du nid et deux autres avec des blessures suffisamment graves pouvant justifier l'euthanasie). Il n'y avait aucun signe de nids endommagés par les oiseaux et aucune trace de pas dans la neige pour indiquer de plus grands mammifères ; l'explication la plus probable était que de petits rongeurs attaquaient les hérissons. (HOECK, 1987)

Intelligence et apprentissage

Alors que les hérissons ont de petits hémisphères cérébraux, ils sont capables de comportements flexibles et très individuels. Plusieurs chercheurs ont tenté à diverses reprises de dresser et d'apprivoiser des hérissons individuellement et ont identifié leur capacité à acquérir certains comportements (REEVE, 1994) : par exemple, la capacité de faire la distinction entre les formes et les symboles et, pour certains hérissons, de répondre aux noms par lesquels ils sont appelés par leurs soigneurs. (MORRIS, 1987 ; HERTER, 1966)

Il existe des variations entre les hérissons ayant des modèles de comportement individuels et de personnalité. Par exemple, une variation marquée qui montre à quelle vitesse, différents individus deviennent apprivoisés en captivité, a été observée entre les hérissons. (MORRIS, 1987)


Autres particularités du Hérisson

L'anatomie et la structure du Hérisson sont basiques, ressemblant à des mammifères primitifs, en dehors de la spécialisation de leur tégument.

Les deux sexes ont cinq paires de mamelons.

La démarche du Hérisson est amusante, car le corps évolue au ras du sol, la robe de poils cachant le mouvement des pattes et on a l'impression d'assister au déplacement d'un jouet mécanique.

Le Hérisson est cependant un animal sportif.

Il est capable de se déplacer rapidement, comme d'effectuer de longs trajets. Il peut atteindre une vitesse de trente à quarante mètres par minute ce qui correspond à la marche lente d'un homme, mais c'est une performance pour ce petit animal pour lequel trente mètres représentent à peu près cent cinquante fois sa longueur. Un humain se déplaçant au même rythme devrait atteindre quinze kilomètres par heure. Le hérisson peut tenir cette vitesse plusieurs minutes et peut même réaliser des accélérations à deux mètres par seconde et plus (LAGRANGE, 1994). Il avance droit devant lui sans chercher à contourner les obstacles et il n'est pas rare de le récupérer au fond des piscines, bassins, trous, ou coincé dans des canalisations (dans lesquelles il ne peut pas faire demi-tour) ou étranglé dans des filets de protection des cultures, par exemple.

Bon grimpeur, il peut escalader des murs de pierre, des clôtures grillagées, des marches d'escalier… pour descendre, il se jette tout simplement dans le vide en se mettant en boule. Les piquants, dont la base en forme de coude fait ressort, doivent amortir la plupart des chutes.

Bon nageur, il peut traverser des cours d'eau sans difficulté. Il est aussi capable de creuser grâce à ses griffes robustes, quand il en a besoin (pour passer sous une clôture gênante, par exemple).

Communication sonore, autolubrification et marche sur un cercle

Emissions sonores (vocalisations)

Les hérissons sont généralement silencieux (CORBET & HARRIS, 1991) mais dans certains contextes, le son est un moyen de communication important et les hérissons peuvent produire un large éventail de sons, même si certains sont rarement entendus. Les juvéniles sont particulièrement bruyants pendant la recherche de nourriture. Le Hérisson pousse un cri aigu dans la douleur ou la détresse sévère. Les hérissons produisent rarement des cris perçants sauf dans des situations de stress (par exemple, l’appréhension à la manipulation (MORRIS, 1987), en état d'alerte (SEDGELEY, 1991 ; MORRIS, 1994) ou de douleur et de détresse (CORBET & HARRIS, 1991 ; GABRISCH & ZWART, 1998). Les sons forts et stridents sont considérés comme « provocants et agressifs ». Ils ont été entendus chez un hérisson qui a rencontré un chien. (BURTON, 1969).

ATTIE (1990) a particulièrement bien étudié les différentes vocalisations qu'il a chiffrées à huit :

La communication acoustique est relativement développée chez le Hérisson, mais le manque de précision dans la signification de ces messages évoque le fait qu'ils sont peut-être plus utilisés en tant que complément d'un autre mode de communication, comme les échanges chimiques (ATTIE, 1990).

Autolubrification

L’autolubrification est une séquence comportementale très particulière : le Hérisson, au contact de certains objets, ou de certaines molécules, renifle de manière attentive, lèche, et si l’objet de cette attention est suffisamment petit, le saisit dans sa bouche et le mâchonne ; puis il produit une très grande quantité de salive mousseuse imprégnée de la substance originale dont il essaie d’enduire ses flancs, son arrière-train avec l’aide de sa langue, tournant la tête au maximum, se contorsionnant autant que possible, allant jusqu’à tomber, rouler sur lui-même, puis il se remet sur ses pattes, recherche l’objet déclenchant, le renifle et le lèche à nouveau pour ensuite s’enduire encore de cette salive.

Le temps consacré à cette activité peut correspondre à quelques minutes ou à plusieurs heures, mais pendant cette période, le Hérisson est terriblement absorbé, concentré, et il est très difficile de le distraire. Il est d’ailleurs à ce moment une proie beaucoup plus facile pour ses prédateurs. Après cette séquence, il peut paraître fatigué ou hébété, mais il tend à avoir un appétit augmenté (LINDEMANN, 1951 selon REEVE, 1994). Certains individus semblent ne jamais s’autolubrifier.

Ce comportement semble acquis à partir du 15e ou 16e jour de vie (BRODIE, 1977).

Les stimuli peuvent être très divers.

Selon BROCKIE (1976), le phénomène est provoqué par une substance chimique forte (goût et/ou odeur) qui n’est pas familière ou habituelle, mais REEVE (1994) pense que cela peut correspondre aussi bien à des substances nouvelles qu’à des choses habituelles, qui les sollicitent à chaque rencontre. BURTON (1970) affirme que ces stimuli peuvent être des substances non comestibles comme certains aliments, voire même de l’eau distillée.

Les études de BURTON (1957), BROCKIE (1976), REEVE (1994) nous permettent de dresser une liste de substances « stimulantes » : la colle, les mégots de cigarette, la sueur humaine, le parfum, le savon, le papier journal, les tapis, les couvertures de laine, le cuir, le bois verni, de nombreuses fleurs (jacinthe, rose trémière, gueules de loup …), les poils d’une brosse ayant servi à balayer les cendres, des vers de terre, des excréments de chiens, des feuilles mortes, du crabe pourri, etc…

J’ai moi-même observé un comportement d’autolubrification face à du cuir, certains bois, la peau /sueur humaine, un tapis en laine, du parfum, des vers de terre, des mégots de cigarette ainsi que la fumée de cigarette.

Ce phénomène d’autolubrification est longtemps resté inconnu et c’est en 1912 que Ludwig HECK (zoologiste allemand) a relaté pour la première fois ce comportement auquel il a donné le nom de ‘Selbstbespuchen’.

Puis de nombreux écrits sont parus à ce sujet, essayant d’expliquer l’utilité de cet étrange comportement :

Mais selon REEVE (1994), Lindemann a fait rechercher en 1951 des hérissons par des chiens (particulièrement amateurs de hérissons) et ceux-ci les ont trouvés de la même manière dès qu’ils s’approchaient à moins de 12,5 mètres, qu’ils se soient enduits de salive ou non auparavant,

Il a été constaté que les petits au nid s’enduisent de salive lorsqu’ils sont enlevés de leur nid, peut-être comme un moyen d’avertir leur mère du lieu où ils se trouvent. Ce comportement n’a pas été détecté chez les jeunes adultes ; mais parmi les adultes, il s’est limité à la saison de reproduction, et en de nombreuses occasions a été obtenu en la présence de hérissons du sexe opposé. Dans ce contexte, l’autolubrification peut-être une forme de signal sexuel, pour le mâle le moyen de présenter une odeur sexuelle qui invite la femelle à se tenir prête pour la copulation.

De nombreux tests conduits aussi bien en laboratoire que sur le terrain ont établi la primauté du sens de l’odorat chez le Hérisson, et il est raisonnable de penser que cet animal peut détecter l’odeur de la salive sur une plus grande distance que ne peut le faire un humain.

Dans ces conditions, l’autolubrification peut donc être interprétée comme un dispositif de signalisation dont la fonction est d’avertir de la présence d’un autre hérisson, et toutes les catégories d’âge peuvent vouloir attirer l’attention sur eux, mais pour des raisons différentes.

C’est dans ce sens que semble abonder REEVE (1994), qui a trouvé des hérissons enduits de salive hors de la période de reproduction, et qui constate que ce comportement est absent dans les trois-quarts des parades nuptiales.

Mais on peut quand même établir un lien non exclusif avec le comportement sexuel grâce aux travaux de Poduschka et Firbas en 1968, selon REEVE (1994), car pendant le léchage et le mâchonnement de la séquence d’autolubrification, la salive mousseuse est au contact de l’abouchement oral des conduits nasopalatins qui mènent à l’organe de Jacobson (l’organe voméro-nasal, un organe olfactif, spécialisé du palais dont l’importance est connue aussi bien dans le comportement sexuel que dans le comportement alimentaire de certains mammifères).

L’explication de ce comportement pourrait être que l’autolubrification fabrique une forte odeur corporelle, qui combine des éléments de la substance déclenchante et des sécrétions salivaires où l’organe de Jacobson contrôlerait la composition du mélange.

Mais restent encore des questions auxquelles on ne peut répondre, notamment quant à la large palette des substances qui engendrent le phénomène.

Marche sur un cercle

Divers écrits relatent un comportement particulier lors de la locomotion : la marche sur un cercle.

BOYS SMITH (1967) a particulièrement bien décrit le phénomène. Il a observé les déplacements d'un hérisson dans un jardin éclairé par les lampadaires de la rue adjacente, pendant une période d'un mois (du 6 mai au 6 juin 1966). Cet animal adulte, en apparente bonne santé, a chaque soir répété le même scénario : arrivant de la partie sud du jardin, plus calme et plus sombre, il a passé au moins deux heures à marcher sur un cercle d'un diamètre d'environ 14 mètres, à une vitesse moyenne de 7 kilomètres par heure, dans la partie nord, plus bruyante et plus éclairée. Le circuit était toujours identique, et s'étendait sur un tiers de pelouse et deux tiers de gravier, incluant des passages plus difficiles au-dessus des pierres de bordure. Il le parcourait toujours dans le sens inverse des aiguilles d'une montre, en effectuant parfois des pauses afin de renifler un peu et de vagabonder de part et d'autre du terrain. Le hérisson apparaissait uniquement après la tombée de la nuit, mais à différentes heures, et disparaissait toujours aux premiers rayons du soleil. Son comportement semblait normal ; il était conscient de la présence d'un observateur, mangeait pain et lait tout d'abord, s'ils étaient présents dans le jardin. Il ne venait pas effectuer son circuit pendant les nuits humides. Une nuit, il a disparu et n'a jamais été revu.

DIMELOW (1963) a observé le même type de comportement chez des hérissons captifs qui se déplaçaient sur le sol d'un laboratoire ; certains marchaient dans toutes les directions, et d'autres tournaient sur un cercle (d'un mètre cinquante de diamètre environ) dans le sens ou à l'inverse des aiguilles d'une montre, mais toujours de manière identique. Ils pouvaient aussi réaliser une « valse », s'arrêtant sur un point précis du cercle, pivotant sur eux-mêmes et reprenant ensuite leur périple.

BURTON (1969) décrit lui aussi cette marche sur un cercle de cinquante centimètres de diamètre, chez un hérisson domestique, qui l'a répété jusqu'à sa mort. Il en a conclu que cet animal présentait un éventuel désordre cérébral.

STOCKER (1987), qui l'a remarqué chez un hérisson aveugle, s'est interrogé sur l'existence d'un trouble visuel qui pourrait en être la cause.

D'autres conclusions sur l'origine de ce comportement évoquent la présence de pesticides, l'infestation des oreilles par des vers ou des acariens, des infections bactériennes ou virales des oreilles ou du tissu cérébral (comme l'atteinte par un paramyxovirus) (REEVE, 1994).